La gravière des Elben, située à Saint-Jean-de-Monts (46°30'N 2°00'O), couvre une superficie de 20 hectares. Exploitée pendant 35 années pour l'extraction de sable et de gravier, elle présente aujourd'hui une biodiversité appauvrie, une qualité de l’eau dégradée et des sols fortement perturbés. Ce projet de réhabilitation ambitieux vise à restaurer un écosystème fonctionnel et diversifié, tout en créant un espace naturel attractif pour la population locale.
L’impact de l’exploitation passée est significatif : des berges abruptes et instables, une absence de végétation naturelle, une eau stagnante et polluée par les résidus d'exploitation et des sols compactés et dépourvus de matière organique. La transformation de ce site dégradé en un espace naturel riche et harmonieux avec son environnement est le cœur du projet.
Diagnostic environnemental avant réhabilitation
Un diagnostic environnemental complet a précédé le lancement du projet, évaluant l’état actuel du site et identifiant les actions nécessaires à sa restauration. Ce diagnostic a impliqué des analyses approfondies de la qualité de l’eau, de la biodiversité et des caractéristiques des sols. Les données collectées ont servi de base à la conception du plan de réhabilitation.
Étude de la qualité de l'eau
Des analyses physico-chimiques régulières, réalisées selon les normes NF EN ISO 5667-1, ont été effectuées sur des échantillons d'eau prélevés à différents points de la gravière. Les résultats ont révélé un pH légèrement acide (6,2), une concentration en oxygène dissous faible (3 mg/L), des teneurs en nitrates élevées (35 mg/L) et en phosphates modérées (2 mg/L). Ces valeurs indiquent une pollution significative de l’eau, due au ruissellement agricole et aux résidus de l'ancienne exploitation. La turbidité de l'eau est également importante (80 NTU).
Évaluation de la biodiversité
Un inventaire complet de la flore et de la faune a été mené. Seules 7 espèces végétales ont été recensées, dont 2 espèces invasives : la Renouée du Japon et le Solidage géant. La faune est également appauvrie, avec seulement 3 espèces d'oiseaux observées et une seule espèce d'amphibiens, le Crapaud commun, en faible densité. La présence du Lézard vivipare, une espèce protégée, a été confirmée, soulignant la nécessité d’une approche de réhabilitation particulièrement attentive.

Analyse des sols
L'analyse granulométrique des sols a révélé une texture majoritairement sableuse, avec une faible proportion d'éléments fins. La teneur en matière organique est très basse (1%), et le compactage important limite la capacité de rétention en eau. Des analyses ont mis en évidence une présence de métaux lourds, notamment du plomb (7 ppm) et du zinc (12 ppm), en concentrations supérieures aux seuils recommandés pour un écosystème sain.
Identification des enjeux paysagers
Le paysage actuel est monotone et dégradé, avec des berges abruptes et une absence de végétation naturelle. Le contraste est important avec les paysages environnants, composés de forêts de pins maritimes et de dunes. La réhabilitation vise à créer une transition douce, intégrant le site dans son environnement et améliorant son attractivité paysagère.
Projet de réhabilitation écologique
Le projet de réhabilitation, d’une durée de 5 ans, vise à transformer la gravière en un espace naturel riche en biodiversité et intégré harmonieusement au paysage. Les objectifs principaux sont l’amélioration de la qualité de l’eau, la restauration des sols, la création d’habitats diversifiés et la mise en place d’un plan de gestion durable.
Objectifs spécifiques du projet
Les objectifs quantifiables sont: une augmentation de la diversité floristique de 100% (passage à 14 espèces), une réduction des nitrates dans l’eau à 15 mg/L, l’augmentation de la densité du Crapaud commun de 500%, et la création de 7 nouvelles mares pour les amphibiens. L’objectif paysager est de créer une transition douce entre la gravière et les espaces naturels environnants, notamment par la plantation de 2000 arbres et arbustes.
Mesures de réhabilitation envisagées
Le projet repose sur une combinaison de techniques de génie écologique et de restauration écologique. Les différentes étapes sont :
- Aménagement hydrologique : Création de 7 nouvelles mares, restauration des berges par la plantation de 2000 saules et aulnes, et mise en place d'un système de gestion des eaux pluviales pour limiter le ruissellement.
- Restauration des sols : Apport de 2000 m³ de terre végétale enrichie en matière organique, amélioration de la structure du sol par le travail du sol et le semis de mélanges herbacés spécifiques.
- Végétalisation : Plantation de 2000 arbres et arbustes d'espèces locales (pins maritimes, chênes, bouleaux...), semis de prairies fleuries, gestion des espèces invasives par arrachage manuel et traitements ciblés.
- Création d'habitats faunistiques : Construction de nichoirs à oiseaux et à chauve-souris, création de refuges pour les reptiles et les amphibiens, mise en place de gîtes à insectes.
- Suivi et gestion à long terme : Mise en place d’un plan de surveillance régulier (analyse de la qualité de l’eau, inventaires faunistiques et floristiques) et des mesures de gestion adaptative pour maintenir l'écosystème restauré.
Innovations et originalité du projet
L’originalité du projet repose sur l’intégration d’une approche participative. Les habitants de la commune de Saint-Jean-de-Monts sont impliqués dans les actions de plantation et de suivi du site. L’utilisation de techniques innovantes de bioremédiation pour la dépollution des sols, couplée à l’utilisation de matériaux de construction recyclés pour certains aménagements, contribue également à l’originalité du projet. Une collaboration avec le laboratoire d'écologie de l'université de Nantes assure un suivi scientifique rigoureux.
- Technique innovante de bioremédiation: Utilisation de micro-organismes spécifiques pour dégrader les polluants présents dans les sols.
- Matériaux recyclés: Utilisation de bois recyclé pour la construction des nichoirs et des aménagements paysagers.
- Approche participative: implication des habitants locaux dans les travaux et le suivi.
Aspects économiques et sociaux
Le coût total du projet est estimé à 500 000 euros. Les sources de financement proviennent de fonds européens (FEDER), de subventions régionales et de la commune de Saint-Jean-de-Monts. Le projet devrait générer 15 emplois directs et 10 emplois indirects, principalement dans le secteur de l’environnement et du tourisme. Le site réhabilité deviendra un espace naturel accessible au public, contribuant à l'attractivité touristique et à l’amélioration du cadre de vie des habitants.
Évaluation et perspectives
L'efficacité de la réhabilitation sera évaluée à travers le suivi régulier de 10 indicateurs clés : qualité de l'eau (taux de nitrates, oxygène dissous, turbidité), richesse spécifique de la flore et de la faune (nombre d'espèces, densité des populations), taux de recouvrement végétal, et présence d'espèces invasives. Des inventaires faunistiques et floristiques seront réalisés annuellement, et la qualité de l’eau sera contrôlée tous les trimestres. L'impact paysager sera évalué via des enquêtes auprès des habitants.
Résultats attendus à court, moyen et long terme
A court terme (2 ans), on s'attend à une stabilisation des berges, à une première végétalisation du site et à une amélioration sensible de la qualité de l'eau. A moyen terme (4 ans), une augmentation significative de la biodiversité et une amélioration de l'état des sols sont attendues. A long terme (10 ans), la gravière devrait être transformée en un écosystème fonctionnel et diversifié, contribuant à la trame verte et bleue du territoire.
Perspectives et défis
Les défis principaux résident dans la gestion à long terme du site et dans la prévention de la réapparition d’espèces invasives. Des mesures de gestion adaptative seront mises en place pour faire face à ces défis. Des recherches futures porteront sur l'optimisation des techniques de phytoremédiation et sur l'évaluation de l'impact du projet sur les services écosystémiques rendus par le site.
Ce projet de réhabilitation écologique de la gravière des Elben représente un investissement important pour la restauration de la biodiversité et l'amélioration du cadre de vie. Son succès dépendra de la collaboration de tous les acteurs impliqués et de la mise en œuvre d'un plan de gestion durable et adapté.